Situé sur la côte caraïbe c’est le chef-lieu de la Martinique. Elle coudoie aussi des reliefs escarpés comme les contreforts des pitons du Carbet. Elle est donc un centre névralgique et par sa conurbation avec Le Lamentin une puissance économique.
Fort-de-France, cette ville qui se donne face à la mer des caraïbes, se déploie sur son relief escarpé.
Fort-de-France ville tirailler par une société cosmopolite peut s’avérer violente socialement.
Fort-de-France ville créée lors de la colonisation a toujours connu cette confrontation visible et invisible. Ce choque de cultures et de conditions. Ville aux multiples facettes elle est l’objet aujourd’hui de son passé tiraillé. Meurtri par 400 ans d’esclavage. Elle se prête à cette expérience de ville où ces valeurs bousculées donnent à voir une société bouillonnante loin des images de “farniente” et de détente.
Fort-de-France, comme des novices le nom des villes des Caraïbes est apparu récemment. Néanmoins leur jeunesse ne leur confère pas une naïveté. Créer dans le conflit du maître et de l’esclave elle à développer, une histoire, des comportements, une culture. Ce lieu névralgique de la Martinique, base militaire française centre économique de l’île, elle est là, accompagner de ses cousines les autres îles de la caraïbe. Mais aussi de ses sœurs de la Martinique. Elle fait face à l’immensité de la mer, bras d’océan.
Pour ce texte nous verrons Fort-de-France, voir, mais surtout observer. Observer cette ville par le biais du prisme des valeurs : écologiques, sociales, économiques, culturels, historiques, et politiques. Appelée de ses vœux, cette ville est aujourd’hui un emblème. Un emblème d’une société créole.
Les Valeurs abordées sont là dans le but de mieux comprendre la ville.
Un environnement
Les Valeurs écologiques de cette ville sont à la fois oubliées et présentes, un paradoxe qui lui donne la sensation de sortir de la forêt. La forêt rencontre la ville et la ville rencontre la forêt. Une interface entre les éléments du paysage qui ne semble pas fortement marqué. Des résidus de forêt dans la ville sont présents, néanmoins très peu d’espaces de la ville sont dédiés à la préservation de l’environnement.
Seuls des éléments soudains nous interpellent et viennent nous rappeler que la forêt n’est pas loin des perruches chantent, volent dansent, s’amuse à l’orée du parc floral. Malgré cela la mer prend une place importante dans la ville. Le front de mer de la ville accompagne les bateaux au départ. Mais aussi l’hyper centre. Construit sur un marécage, elle a grignoté sur la mer au fil du temps, pour venir installer des éléments anthropiques.
Une ville qui rassemble donc parcs et jardins publics entremêlés d’éléments urbanisés, mais aussi des centres politiques.
Une décision
Fort-de-France ville chef-lieu, ville préfectorale.
Fort-de-France, ville politique. Impressionne par sa concentration de pouvoir. Fort-de-France espace de décision politique. Néanmoins vu comme outre-mer, comme n’ayant pas de centre. Où le centre se situe dans un lointain au-delà des mers. Où le véritable centre prend les décisions et ces territoires l’appliquent. L’image des succursales.
Fort-de-France espace de lutte politique, économique. Une ville habituée à ces luttes qui représente le pouvoir centralisé où tout doit passer. Un pouvoir bien sûr économique qui appelle à des infrastructures impressionnantes.
Une puissance
Fort-de-France lieu connecté au monde par les airs, les mers et aussi à la Martinique par la route.
Fort-de-France reçoit des marchandises, des personnes et commerce. Commerce par son histoire de personnes avant tout. Triangulaire ce commerce est aboli et est remplacé par celui avec l’hexagone.
Les commerçants d’hier Béké (ancien colon) sont les dirigeants économiques d’aujourd’hui.
Les marchés de Fort-de-France, éléments économiques, sont aussi la preuve d’un contexte environnemental particulier, entre la mer et la forêt.
Le marché aux poissons ou aux légumes, lieu d’échange entre agriculteur, pêcheur et acheteur. Dans cette effervescence l’on observe aussi les “gobeurs” véritables hommes à tout faire il participe à l’économie du marché. Ils sont racontés par Patrick Chamoiseau dans la Chronique des sept misères, parue en 1986.
Port ou aéroport se construit sur une histoire marchande, une histoire de flux, une histoire liée à deux continents, une histoire qui prend toute sa place dans cette ville, mais aussi les éléments qui la composent.
Une histoire
Fort-de-France, d’abord Port-Royale, Fort-de-France appel interpelle une histoire depuis les peuples premiers amérindiens jusqu’à aujourd’hui. Fort-de-France ville aujourd’hui lieu de confrontation économique et sociale vie dans un bassin caribéen complexe. Mais ayant connu une histoire commune de confrontation, d’humiliation et d’appropriation.
Fort-de-France base maritime elle fait partie d’un passé toujours présent pour les générations futures. Un passé militaire qui par un fort qui porte le nom d’un roi de France contraste avec le contexte. Contraste par son nom, contraste par son pavillon.
Une histoire marchande qui rappelle un triangle. Un triangle de confrontation, de déportation, un triangle marchand élaboré et légalisé par un roi, celui du soleil. Un triangle qui donne naissance à une langue, un peuple une culture. Peuple de déporté langage dégluti, une histoire stoppée d’un côté reprend de l’autre.
Fort-de-France raconte une histoire, une lutte entre deux entités et une confrontation de plusieurs peuples.
Fort-de-France raconte cette histoire autrement, l’écrit différemment avec des entités paysagères qui impressionne, élevé ou illuminer le paysage de Fort-de-France résulte d’une histoire. De Texaco, Terre-Saint-ville, Trennelle, Citron toute une histoire s’écrit. Une histoire de confrontation. Une histoire, de “combat d’yeux” écrit Patrick Chamoiseau dans son récit Texaco, paru en 1992. Où l’on raconte la vie d’un quartier populaire. Symbole d’une lutte entre une nuit coloniale et un jour de construction d’une identité créole. Aujourd’hui promu, cette identité à très souvent été nier dans l’éducation, l’économie, l’histoire, le langage, le paysage et aujourd’hui encore l’architecture. Dans cette culture créole, dans cette identité créole, la culture à une place majeure.
Une culture aux apports multiples et à un langage commun. Un langage qui porte une volonté sociale, un langage de lutte, mais surtout le socle d’une culture, d’un peuple.
Une culture
Fort-de-France lieu de rassemblement culturel, d’événement où histoire et culture se côtoie, s’entremêle. Une histoire ou l’oralité de la société prend tout son sens, où le conteur, le parolier est une figure emblématique. “Yékrik-yékrak” s’écrie-t-il avant l’histoire. Une culture issue d’une confrontation, mais aussi d’un socle, l’Afrique. Socle qui privilégie une oralité, une transmission des connaissances, de la culture par la parole. Véritables outils d’héritage, elle continue à être utilisée par la population et dans les événements. Élément majeur de la culture martiniquaise le créole infus dans une grande partie des arts de la culture et particulièrement dans la chanson. Le bèlè, outil de résistance. Cette part majeure de la culture martiniquaise montre toute l’étendue de cette oralité. Une transmission aujourd’hui promue. Mais issue de lutte sociale, et émancipatrice. Une société de la créolité, une société créole développée sur la base d’une culture. Des lieux de promotion de la culture sont alors mis en valeur à Fort-de-France comme le grand carbet, un nom issu des peuples premiers. Le grand carbet, lieu de palabre, elle prend place dans cette ville qui parle, qui chante et danse.
Centre culturel elle est donc base d’une société et d’une culture et d’une histoire.
Une société
Fort-de-France emblème majeur de la société martiniquaise. Emblème de cette société décrit par Frantz Fanon dans Peau noire masque blanc, paru en 1952 comme un peuple ayant besoin de reconnaissance ou la comparaison y est forte. Une société qui à l’époque de Fanon était tributaire de l’autre. “Moins intelligent que moi, plus noir que moi”. Dans ce texte Fanon compare des rues “Comparaison” de Fort-de-France. Néanmoins cette ville, Fort-de-France a su s’affirmer dans sa culture, mais aussi dans sa socialisation. Une culture affirmée part des artistes, écrivains, peintre et une société emmenée par elle. Dans cette ville une confrontation sociale est visible. Entre une tour illuminée et son ombre sur des quartiers. Une tour symbole de cette confrontation. Entre aisé et populaire la ville de Fort-de-France issue de cette histoire continue la lutte sociale. Du visible à l’invisible cette lutte tue mentalement et physiquement. D’une aliénation intellectuelle à un sordide meurtre de cartel de drogue.
Société complexe issue d’une histoire de manant subsistant, elle arrive à sublimer des parties cachées de sa culture et de son histoire.
De plus cette société matriarcale met la mère comme base de construction familiale le “Poto-mitan”. Véritable pilier du foyer, il se construit autour de la mère. À l’image de Fort-de-France où l’on observe des constructions, anarchiques quelquefois, autour de l’hyper centre.
Fort-de-France, ville éminemment complexe parvient à se déployé et à rendre intelligible son histoire par le biais de son oralité. Ville jeune elle prend attitude et s’affirme au monde comme issu d’une histoire, d’une culture et d’une société.